Ainsi le gouvernement de Michel Barnier vient-il d’être censuré par l’assemblée nationale. Mais à l’occasion des débats budgétaires, ont été exprimés des propos relevant de mensonges assumés, pour des raisons essentiellement électorales.
Je prends pour exemple le débat sur l’Aide Médicale d’État, qui, je le rappelle, permet aux personnes en situation administrative irrégulière d’être soignées, mais dans des conditions restrictives par rapport aux autres bénéficiaires de l’assurance maladie.
Lors des discussions parlementaires, le Rassemblement National a demandé et obtenu une réduction forte du budget de l’Aide Médicale d’État. Pour appuyer cette revendication son président avait alors affirmé que ce dispositif permet aux étrangers sans papiers de se faire recoller les oreilles.
Rien de plus faux évidemment. L’AME ne prend en charge les frais de santé qu’à hauteur du tarif de la Sécurité Sociale et elle exclut notamment les dépassements d’honoraires. De ce fait, les prothèses dentaires, auditives et l’optique sont notamment inaccessibles.
Le budget de l’Aide Médicale d’État ne représente que 0,47 % du budget de l’assurance maladie. Son coût est parfaitement maîtrisé et de nombreuses études démontrent que les fantasmes autour du prétendu « appel d’air » ou du «tourisme médical » ne reposent sur aucune réalité tangible.
Le rapport EVIN-STEFANINI, remis au gouvernement, démontre par ailleurs que la réduction du périmètre de la l’AME aux seuls soins urgents et vitaux aurait (je cite) « pour triple impact une dégradation de l’état de santé des personnes concernées, des conséquences sur la santé publique et une pression accentuée sur les établissements de santé ».
Ces derniers mois, les soignants, ainsi que les fédérations et organisations du secteur sanitaire et social ont aussi manifesté publiquement leur opposition à une restriction de l’AME. 8 anciens ministres de la santé, de sensibilités politiques, ont, eux aussi, réaffirmé l’importance de préserver l’AME en l’état.
Enfin une vingtaine d’associations d’importance nationale, dont le SAMU Social, Médecins du Monde ou le Secours Catholique ont également alerté (je cite encore) « sur les conséquences désastreuses qu’entraînerait de nouvelles limitations du dispositif ».
Le consensus est donc parfaitement établi. Et pourtant, ce sont de basses considérations politiques qui l’ont emporté au mépris de l’intérêt général.
La mission dévolue à tout gouvernement est de chercher à assurer le bien commun et non à favoriser les idées reçues, les fantasmes et les mensonges.
Il est toujours de mauvaise politique que de faire croire ce qui n’est pas. Les décisions prises pour l’Aide Médicale d’État en sont un exemple. Mais il est fort malheureux que l’on ait ainsi arbitré en faveur de thèses extrémistes au mépris de la santé non seulement des étrangers mais bien de la population toute entière.
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