Le Secours Catholique vient de publier son rapport annuel sur l’état de la pauvreté en France. Il s’intitule À l’épreuve des crises, enquête sur les budgets des plus précaires, et il nous livre un constat accablant. L’étude de l’impact de la crise budgétaire que nous traversons sur les foyers les plus modestes, montre que leur fragile équilibre financier a bien souvent été rompu. Tout près de nous, bien des gens sont sur le fil du rasoir et sur le point de basculer. Il suffit, me dit le président de notre délégation départementale, qu’un loyer augmente de 24 Euros et c’est la catastrophe. Oui, vous avez bien entendu : 24 Euros ! Presque rien, et on en est réduit du jour au lendemain à se tourner vers les restos du cœur et vers la banque alimentaire.
« L’énergie et l’alimentation, rappelle Véronique Devise (présidente du Secours Catholique), servent déjà de variables d’ajustement pour les ménages qui vivent sur la corde raide, alors nous craignons des drames avec l’hiver qui vient, car les aides annoncées ne suffisent pas à compenser le choc. À quoi ces ménages, déjà coutumiers de choix impossibles, qui font souffrir le corps et le cœur, devront-ils renoncer : à payer le loyer, au risque d’une expulsion ? »
Le mot d’ordre du Secours Catholique est : « marcher au pas des plus pauvres ». Cela signifie s’interdire de faire de l’assistanat, mais aider les personnes à parler et à être reconnues, afin qu’elles puissent, dans toute la mesure du possible, retrouver leur dignité et la maîtrise de leur propre destin. L’assistanat est certes relativement facile à mettre en œuvre, mais il est humiliant, il ne permet pas aux personnes de dominer leur situation de précarité et les y enfonce au contraire. Enfin, il ne prépare aucun avenir car le jour où les aides cessent, la situation antérieure réapparaît identique à ce qu’elle était au début.
À l’échelle des pouvoirs publics, ce qui apparaît à cette lumière n’est pas tant l’insuffisance des aides que l’absence d’une politique structurelle pour combattre la pauvreté. C’est toute notre société qui doit repenser sa manière de traiter la condition des plus fragiles, celle des personnes âgées, celle des jeunes et celle des migrants. La valeur d’une société se mesure à sa capacité de donner ses chances à chacun de ses membres et de n’en laisser aucun de côté.
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