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Le débat sur l’âge de la retraite bat son plein en ce moment dans notre pays. Il ne s’agit pas pour moi de prendre parti dans ce débat : je n’en ai ni la compétence, ni la légitimité. Mais je voudrais souligner ici une évidence : quel que soit l’âge du départ à la retraite, la question première est de savoir si nous voulons on non que de nouvelles générations soient là pour financer les retraites, c’est-à-dire si les français veulent ou non avoir des enfants. Il est étonnant que cette question, qui sous-tend toutes les autres, apparaisse comme un point aveugle, voire comme un tabou dans le débat politique.
Les arguments pour ne pas avoir d’enfants sont divers, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils rencontrent un large écho chez les jeunes. Le travail féminin est un de ces arguments, à notre époque où la promotion de la femme apparaît comme un acquis menacé. Il est sûr que la perspective d’une carrière professionnelle interrompue par les maternités fragilise les femmes par rapport aux hommes sur le marché du travail. Mais le phénomène de dénatalité a d’autres facteurs bien plus profonds. Au risque de rappeler une évidence, je dirai que la volonté d’une société de se prolonger dans ses descendants est un marqueur infaillible de sa confiance en l’avenir. Quand l’avenir est perçu comme menaçant, ou quand une société ne sait plus où elle va, la natalité a tendance à baisser. Au contraire, quand l’humanité reprend confiance en elle-même la natalité repart à la hausse, comme ce fut le cas de manière spectaculaire dans les années qui suivirent la deuxième guerre mondiale. Ce n’était pas seulement grâce à la croissance économique, c’était le fruit d’un regard sur l’avenir qui le considérait comme un défi à relever, une communauté à reconstruire, une promesse à accueillir.
Dans son encyclique de 2020 Tous frères (Fratelli tutti) sur « la fraternité et l’amitié sociale », le pape François met en garde contre l’absence de projet collectif, et il commente en disant : « La baisse de la natalité, qui provoque le vieillissement des populations, associée à l’abandon des personnes âgées à une solitude douloureuse, est une manière subtile de signifier que tout se réduit à nous, que seuls comptent nos intérêts individuels1. »
Comme l’optimisme, la peur est contagieuse, avec le repli sur soi qu’elle entraîne. Qui donnera aux jeunes générations de dominer la peur et de marcher dans l’espérance ? La foi chrétienne joue un rôle décisif dans ce domaine, parce qu’elle affirme que nos activités d’ici-bas préparent « la matière du royaume des cieux »2. Je cite une dernière fois le pape François : « L’espérance est audace, elle sait regarder au-delà du confort personnel, des petites sécurités et des compensations qui rétrécissent l’horizon, pour s’ouvrir à de grands idéaux qui rendent la vie plus belle et plus digne. Marchons dans l’espérance !3 »

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