John Bost, qui devait fonder un jour les célèbres Asiles de la Force où sont soulagées tant de misères, était le fils d’Ami Bost, pasteur à Moutier Grand’Val, dans le Jura bernois. Son père fut l’un des premiers fruits du Réveil de Genève, vers 1810. Il apporta au mouvement l’enthousiasme de sa foi débordante et l’appoint de ses beaux cantiques. Il fut le père de 10 enfants dans son modeste presbytère, dont on aimait la piété joyeuse, attirante et pleine d’entrain.
John Bost avait de grands talents musicaux et songeait à la carrière artistique. Musicien comme son père et son grand-père, John avait consacré tous ses moments de liberté à apprendre le piano, à racler du violoncelle ; son âme d'artiste s'éveillait. Le célèbre musicien Franz Liszt était alors à Genève.
Un jour, John Bost fut chargé de lui apporter un cahier de musique que son patron avait relié. Le maestro était absent, mais le piano était là, ouvert, irrésistible. L'ouvrier relieur s'assit au chevet et joua...
Tout à coup, une main se posa sur son épaule, c'était Liszt ! « Bien, bien, jeune homme, vous avez du talent, il faut travailler ; si vous voulez, je serai votre maître. »
John Bost accepta avec ravissement. Et le voilà lancé dans la vie de concerts.
Mais un soir alors qu'il était au théâtre à Paris et qu’il écoutait le domino noir, le souvenir de la maison paternelle et les enseignements qu’il y avait reçus lui revinrent à l’esprit. Soudain, il se dit : « Si tu devais mourir ici, où irais-tu ? »
Bouleversé par cette question, il rentra chez lui. Le reste de la nuit se passa dans les larmes et la prière. « Au matin, raconte-t-il, je me relevais, j’avais la paix ». Il abandonna la musique, devint précepteur, puis pasteur. Conduit par les circonstances, il fonda les Asiles qui portent son nom.
« Ceux que tous repoussent, je les recevrai au nom de mon Maître » résolut John Bost.
A ce moment, il était sans situation, sans expérience et possédait pour toute fortune 18 francs. Mais il avait pour lui trois choses : sa compassion inépuisable, sa volonté opiniâtre, et l'audace de la foi. Dieu devait lui fournir le reste sur le plateau de La Force en Dordogne.
Il a accueilli les premiers malades, ceux que personne ne voulait, les incurables, aveugles, sourds-muets, épileptiques, les débiles, les détresses les plus grandes. Il reçut un jour une jeune fille épileptique enfermée dans une caisse en bois.
Le grand Liszt, compositeur et musicien éminent, qui lui avait donné des leçons et l’avait admiré, dit en apprenant sa détermination : « Il a fait ce qu’il y a de mieux à faire… »
Cette œuvre fondée en 1848 est toujours active ; elle accueille aujourd'hui encore plus de 1000 malades avec 1200 membres du personnel médical.
Citations de John Bost :
« Ceux que tous repoussent, je les accueillerai au nom de mon maître. »
« Je mettrai des fleurs sur leurs chemins. »