Lorsque j’eus vingt ans, je fis une merveilleuse expérience. J’avais passé, à douze ans, quelques jours à Strasbourg chez un couple d’un certain âge : ces personnes avaient montré une grande gentillesse à mon égard et j’avais gardé d’eux un excellent souvenir. Puis je les perdis de vue pendant plusieurs années. À mon retour à Strasbourg, je décidai d’aller les voir à l’occasion. Un jour, en marchant dans la rue, je reçus soudain intérieurement l’ordre d’aller au numéro 14 de la rue du Rempart. C’est là qu’habitait le couple. Dans mon esprit, je répondis que je voulais bien y aller mais un autre jour, car je devais alors m’occuper d’affaires plus urgentes, et je continuai ma route. L’ordre devint finalement si insistant, que je m’en retournai et courus en toute hâte au lieu indiqué. Après avoir sonné plusieurs fois, j’entendis dans l’appartement quelqu’un se traîner péniblement vers la porte : c’était la vieille dame. En m’ouvrant, elle me dévisagea et dit :
— Je ne vous connais pas.
Quand je me fis connaître, elle s’écria :
—Comment ? C’est toi ? Tu es envoyé comme un ange du ciel car nous sommes dans une grande détresse. Nous avons crié à Dieu qu’il nous envoie quelqu’un et il t’a envoyé.
Elle me conduisit alors au lit de son mari qui était gravement malade ; elle aussi était malade et ne parvenait plus à se soigner ni à soigner son mari. Or, ils avaient une fille qui était infirmière à Paris : je devais envoyer un télégramme afin qu’elle vienne tout de suite aider ses parents. Après avoir fait le nécessaire, je partis.
Quelques jours plus tard, je dus à nouveau obéir à une contrainte intérieure et, lorsque j’arrivai, ce fut juste à temps pour prier avec le vieil homme mourant. C’était la première fois que je devais prier avec un agonisant. Cet homme put quitter ce monde dans la confiance et dans la paix.
Un ange du Seigneur, s’adressant à Philippe, lui dit : Lève-toi, et va du côté du midi, Actes 8 :26.