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Description

L’évangéliste le plus sincère risque quelquefois de bousculer les personnes en les invitant à la conversion et au salut. Le colonel Malan ne courait pas ce danger, car il avait pour principe de ne point terminer ses réunions par un appel à la décision. « Quand l’eau vive du Saint-Esprit est là, les âmes viennent y puiser d’elles-mêmes », avait-il coutume de dire. Ce souci de ne pas faire pression sur les auditeurs réussissait admirablement. Avant même que le Colonel ait fini de parler ou même de chanter, les gens, profondément touchés et remués, s’approchaient du banc de la repentance. Pendant une ‘mission’ à La Chaux-de-Fonds, ils furent plus de soixante à le faire, cent quatre-vingt-dix à Genève, cent quarante à Rorbas, plus de deux cents à Bâle.
Partout où passaient ces messages du ciel, un vent de réveil et de renouveau se levait et faisait sentir ses effets parfois dans tout le village ou la ville.
Il en fut particulièrement ainsi à Rorbas dans le canton de Zurich où un homme sortit du bistrot, traversa la rue, et alla directement se jeter au banc des Pénitents dans la salle de l’Armée du Salut, où le Colonel Malan présidait la réunion.
A une autre occasion où le Colonel avait été invité à tenir des réunions d’évangélisation au temple d’Yverdon, le pasteur, n’étant pas très favorable mais ayant dû céder aux pressions de son conseil presbytéral, vint le jour venu au-devant de la Colonelle, il lui dit d’un air gêné :
— Madame la Colonelle, dans notre temple nous n’avons pas l’habitude des appels à la fin des réunions, ce n’est pas dans nos conceptions, je vous serais donc reconnaissant de ne pas faire d’appel à la fin.
—Vous avez parfaitement raison, lui répondit alors Mme Malan, nous ne ferons pas d’appel à la fin de la réunion, car nos réunions sont un appel du commencement à la fin !
A peine cette réunion mémorable était-elle commencée que l’on vit alors à la stupéfaction générale une dame se lever, s’avancer d’un pas tranquille et décidé jusqu’au pied de la table de communion se mettre, toute émue, à genoux sur la pierre nue, c’était la femme du pasteur… Elle fut bientôt suivie d’une deuxième, c’était la femme du président de la paroisse. Dieu agissait puissamment !