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Invité dans une famille chrétienne pour le repas du soir, je frappe à la porte. Le mari m’accueille avec chaleur, comme un ami. J’en suis fort aise. Il me débarrasse de mon manteau et m’introduit dans le salon où Loïc, un gros bonhomme de sept à huit ans, se fait tirer l’oreille pour me saluer.
À peine dans le fauteuil, la maman s’adresse à son garçon :
—Montre à notre visiteur comme tu joues bien du piano !
Sans se faire prier cette fois, le petit grimpe sur le siège et, avec importance, la poitrine gonflée, tapote les touches d’un doigt malhabile. Il « annonce » une mélodie qui rappelle un air connu : « Au clair de la lune » sans doute.
J’observe la maman. Émerveillée, la bouche ouverte, elle suit les exploits de son rejeton, les mains en position pour déclencher les applaudissements.
—C’est très bien, enchaîne-t-elle. Nous te félicitons… Ça promet, n’est-ce pas Monsieur ?
Et l’enfant de me fixer des yeux pour recueillir quelque louange.
—En effet, dis-je. Pour un commencement…
Mais je n’ai pas envie de terminer ma phrase.
Et la conversation s’engage devant le « petit » qui trône majestueusement sur son siège à vis. Naturellement, Loïc est le centre de cette conversation. Les parents -la maman surtout-passent en revue les dons exceptionnels, les qualités du jeune « phénomène ». On étale ses cahiers et l’on s’attarde sur les « très bien » du professeur. Chacun mentionne sa facilité à apprendre, sa mémoire hors du commun, son intelligence qu’il a manifestée de très bonne heure. Au berceau presque !
—Montre à Monsieur comme tu récites bien…
Et le petit, mis en goût, débite d’un trait « La cigale et la fourmi » qui se termine par des applaudissements encore plus nourris.
Voilà comment on fabrique un orgueilleux, un être suffisant et prétentieux. Non, Madame ! Votre fils n’est pas un phénomène et vous ne le préparez sûrement pas à la lutte persévérante qui fera de lui un vrai pianiste. D’ailleurs, quand votre fils serait un artiste, n’en dites rien. D’abord, vous rendriez jaloux ses frères et sœurs moins doués, et puis vous rendriez un très mauvais service à votre enfant.
L’homme est par nature plein de lui-même, orgueilleux dès le berceau. Il faut donc lui résister puisque, comme vous le savez, « Dieu résiste » à cette catégorie de gens (Jacques 4:6). Bien sûr, il ne s’agit pas d’humilier votre enfant, de l’amener à se sous-estimer ou de souligner sans cesse ses travers et ses défauts devant les autres. Non ! Vous le blesseriez sans le conduire sur la voie de l’humilité. Mais c’est une grave -très grave-erreur d’encenser constamment son fils devant les autres. En multipliant les éloges, vous lui faites croire qu’il est un phœnix, ce qui le marquera pour la vie. Certainement, vous ne l’aiderez pas à plaider coupable devant son Seigneur.
Votre fils a-t-il de réels talents ? Ne les ignorez pas mais donnez-lui l’occasion d’en rendre grâces à Dieu. Apprenez-lui de bonne heure à confier ses dons au Maître, à les Lui consacrer vraiment. À les perdre même plutôt que de courir le risque de devenir un « centre » et de s’idolâtrer soi-même. Ce qui est appris dans l’enfance -bien ou mal- s’efface difficilement. Il est donc important de veiller à l’éducation des siens. La Parole de Dieu nous dit :
Et vous, pères (parents) élevez vos enfants en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur, Éphésiens 6 : 1-4.