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Description

Un certain soir, fatigué à l’excès, je me couchai et m’endormis profondément, raconte un fonctionnaire anglais en Inde, mais mon sommeil fut troublé par une impression douloureuse. Il me semblait qu’un poids énorme et froid comme de la glace, pressait ma poitrine au point de me suffoquer.
Je me réveillai en sursaut et j’allais sauter du lit lorsque, tout à coup, à la faible clarté d’une lumière dans la nuit, j’aperçus se déroulant sur mon lit, un énorme serpent aux yeux ardents, qui sortait et rentrait sa langue en faisant entendre des sifflements sinistres. Le rapide et brusque mouvement que j’avais fait l’avait éveillé et irrité. Le feu de ses yeux et les mouvements convulsifs de sa langue manifestaient sa rage. À une sorte de gonflement en forme de casque, qui se produisait sur sa tête, je compris qu’il s’agissait du plus redoutable des serpents, le cobra venimeux.
Je restai immobile et le serpent se calma, rentra sa langue, cessa son sifflement, tandis que ses yeux perdaient leur feu ; son casque aussi s’affaiblissait. Une sueur froide me couvrit le corps. Au moindre mouvement de ma part, le serpent me mordrait et il n’existait pas de remède qui sauve de son venin. Réduit à l’immobilité d’un mort, il ne me restait qu’à attendre le jour, espérant alors que ce terrible reptile me laisserait pour se réfugier en quelque obscure retraite.

Le serpent s’endormit. Quant à moi, je souffrais horriblement ; cette absolue immobilité était rendue insupportable par le poids du serpent qui me suffoquait et par l’odeur exécrable qu’il exhalait. Ainsi se passa une heure -elle me parut interminable- et je me demandais comment je sortirais de cette situation angoissante, lorsqu’un hindou entra doucement, tenant entre les dents un poignard. Son corps nu était couvert d’huile, de la tête aux pieds. Il s’approcha de mon coffre, l’examina, il vint ensuite près de mon lit ; la couverture qui le recouvrait excita sa cupidité.
Dans son avidité à s’en emparer, il la saisit des deux mains, sans voir le reptile, qui aussitôt s’élança sur lui et le mordit à la joue. D’un coup de poignard, l’hindou lui trancha la tête, puis comprit sans peine qu’il s’agissait d’un cobra et qu’il était perdu. Dans une résignation muette, il se laissa tomber à terre et attendit la mort.
À mes cris, les gens de la maison accoururent et se jetèrent sur le voleur, qui ne se défendait pas, déjà sous l’effet du venin ; quelques instants plus tard, il était mort.
Dieu m’avait délivré. Son œil avait été sur moi.
David dit encore : Éternelle, qui m’a délivré de la griffe du lion et de la patte de l’ours, me délivrera aussi de la main de ce Philistin. Et Saül dit à David : Va, et que l’Eternel soit avec toi ! 1 Samuel.17 :37.