« Non, mes amis, aujourd’hui je n’en prendrai pas et désormais je n’en boirai plus, plus jamais ! »
C’était un voyageur de commerce qui parlait ainsi en entrant dans un compartiment de chemin de fer où se trouvaient plusieurs de ses camarades. L’un des jeunes gens lui tendait une bouteille qu’il repoussa :
—Vous saurez que j’ai juré, oui, juré ! La boisson et moi nous en avons fini pour toujours !
Une explosion de rires s’éleva parmi les voyageurs. Ils se moquèrent de lui, le houspillèrent et lui mirent la bouteille sous le nez. Tout fut inutile : le jeune homme demeura ferme. Son expression était devenue si sérieuse que ses camarades cessèrent de le presser.
—Ah ! S’écria pourtant l’un d’eux, pour renoncer si subitement au nectar, tu dois avoir un motif péremptoire. Que t’est-il donc arrivé ? Allons, mon vieux, confesse-toi !
—Je vous le dirai, mes amis. Je sais très bien que vous allez encore vous moquer de moi, mais cela m’est indifférent. Depuis mon mariage, je n’ai jamais passé une journée sans boire et, bien souvent, j’ai bu plus que de raison ; cela, vous le savez tous. J’aime l’alcool et je ne sais pas comment je vais m’en passer à l’avenir. C’est égal, je n’en boirai plus une goutte. Hier, je me suis arrêté chez un client qui, outre son commerce, tient une sorte de « Mont-de-piété ». Tandis que nous parlions de nos affaires, un homme est entré, il n’avait certainement pas trente ans, mais il portait sur son visage les traces de la boisson. Il ne passait sûrement pas une journée sans s’enivrer ; ses vêtements étaient sales. Il portait un petit paquet qu’il ouvrit d’une main tremblante et tendit au prêteur sur gages en disant :
« Donnez-moi deux francs en échange ».
C’était une paire de tous petits souliers d’enfant dont les boutons seuls étaient un peu usés ; évidemment, les petits pieds ne les avaient pas chaussés plus de six fois.
—Où as-tu pris ces souliers ? demanda le prêteur qui paraissait connaître l’homme.
—Chez nous, répondit-il, ma femme les avait achetés pour notre bébé. Donnez-moi l’argent, il me faut boire !
— Rapporte ces souliers à ta femme, l’enfant en a besoin. Tu devrais rougir de ta conduite, déclara le commerçant.
—La petite ne les mettra plus ! Elle est morte. On l’enterre demain.
En disant ces mots, l’homme cacha sa tête dans ses bras, en s’appuyant sur le comptoir et se mit à pleurer, d’abord doucement, comme un enfant, puis en désespéré. A la fin, dominé par la douleur, il s’écria :
— Ô Dieu, fais-moi mourir, mais sauve ma femme, ma Lily !
Il y eut un moment de silence, puis le narrateur reprit :
—Camarades, vous pouvez rire maintenant… Mais moi, j’ai à la maison un petit enfant de deux ans et ma femme s’appelle Lily. Aussi vrai que Dieu me viendra en aide, je ne boirai plus de vin !
Après avoir prononcé ces paroles, le voyageur de commerce quitta sa place et passa dans un autre wagon. Ses amis se regardèrent sans proférer un mot. Nul n’avait plus envie de rire ou de plaisanter. L’un d’eux ouvrit brusquement la fenêtre et lança la bouteille qui s’écrasa sur la voie, personne ne le blâma. Il se passa un certain temps avant que les jeunes gens reprennent leur entrain, mais plusieurs restèrent préoccupés…
Voilà pourquoi cet homme ne voulait plus boire, il a tenu parole. La Parole de Dieu nous met en garde contre l’usage du vin et des boissons alcoolisées, nous trouvons cela dans Proverbes 23: 31-35.
"Ne regarde pas le vin qui paraît d’un beau rouge, Qui fait des perles dans la coupe, Et qui coule aisément. Il finit par mordre comme un serpent, Et par piquer comme un basilic. Tes yeux se porteront sur des étrangères, Et ton cœur parlera d’une manière perverse. Tu seras comme un homme couché au milieu de la mer, Comme un homme couché sur le sommet d’un mât: On m’a frappé, […] je n’ai point de mal ! […] On m’a battu, je ne sens rien ! […] Quand me réveillerai-je ? J’en veux encore !"