Une petite grand-mère tricotait. Parfois, elle levait sa petite tête et regardait par la fenêtre : son joli jardin était bien fleuri en cette saison. Au-delà du jardin, le Ballon d’Alsace (nom d’un sommet des Vosges). Grand-mère n’avait jamais quitté son petit village. Son petit-fils entra. Maintenant c’était un homme, tout le portrait de son fils.
— Bonjour, mamama (mamie en alsacien), Je viens t’embrasser. Je viens de faire un long voyage.
— C’est vrai, cela fait longtemps que je ne t’ai pas vu.
— Oui mamama, cela fait au moins deux ans.
— C’est gentil de penser à ta vieille mamama.
— Mon petit, (elle l’appelait toujours mon petit même s’il avait 29 ans !)
— J’ai passé un an en Chine, je vais te raconter ce que j’ai vu.
Le petit-fils raconta avec enthousiasme tout ce qu’il avait vu. Shanghai. Les contres forts de l’Himalaya, avec le « toit du monde » (l’Everest) que l’on voit au loin. La grand-mère l’écouta, les yeux rêveurs. Au bout de quelques heures, quand il eut fini son récit, elle dit :
— Merci, j’ai pu vivre avec toi ce beau voyage. J’étais avec toi, sur les routes de montagne, dans les huttes des paysans, sur les grandes autoroutes de Shanghai. C’est bien plus loin que ces montagnes. Mais, tu sais mon chéri, moi aussi je vais partir pour un grand voyage, un très grand voyage…
— Toi, ma mamama ? Toi qui n’as jamais dépassé le fond de jardin. Mais à ton âge, où veux-tu aller ?
— Je vais partir dans un beau pays, incomparable. Il n’y a rien ici qui lui ressemble. Il n’y a ni nuit, ni jours, ni souffrance, ni pleurs, et ni mort. Un pays où règne la vie.
Le petit fils, commençait à comprendre, car il connaissait la foi de sa grand-mère. Foi qu’il ne partageait pas d’ailleurs. Il se rappelait que lorsqu’il était petit, ça l’agaçait quand sa grand-mère parlait de Jésus. Mais là, il sentait que c’était sérieux. Sans doute qu’elle sentait que ce Jésus dont elle parlait tout le temps, allait venir la chercher. Et si elle avait raison ? Perdu dans ses réflexions, le petit fils demanda :
— Que fait-on là-bas ?
— Tous ceux qui ont cru en Jésus, des hommes et des femmes de toutes races, de toutes nations, chantent leur reconnaissance et leur amour pour Jésus. Parce qu’Il nous a sauvés. Tous, nous chanterons sa Gloire. Nous le verrons sur le trône, assis. Il regardera tous ceux qui Lui ont fait confiance, avec amour et bienveillance. Tous verront les marques des blessures dans la paume de sa main et dans son côté. Marques des blessures causées par l’abominable mort sur la Croix. Mort qui nous a rachetés et qui nous a permis d’être là avec Lui.
Le petit-fils la regarda perplexe. Au fond de son cœur, cette question lancinante, revenait comme un refrain : « Et si ce qu’elle dit est vrai, et si un jour je réalise que j’ai vécu toute une vie en passant à côté de l’essentiel ? Quel drame ! De toute façon qu’est-ce que je risque d’essayer, simplement que ce ne soit pas vrai. Et alors ! Je me serai trompé, voilà tout ». Il s’entendit poser la question, comme si c’était quelqu’un d’autre, comme si c’était plus fort que lui qui parlait.
— Tu crois vraiment que ce pays existe ?
— C’est le royaume de Jésus. Il est là-bas, entouré de tous les fils et les filles de Dieu qui ont cru en lui. Bientôt Il va venir me chercher et Il me dira : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ». Comme au brigand sur la croix, parce que devant Lui, je ne suis pas plus juste que ce brigand. Peut-être qu’extérieurement j’étais quelqu’un de bien mais Lui seul sait de quelles pensées j’étais animée parfois.
Elle se tourna vers son petit-fils et le regarda longuement. Elle lui dit :
— Tu veux me revoir un jour ?
Un frisson parcourut le corps du jeune homme. Quelle question ? Des larmes lui montèrent aux yeux. Il ne put rien répondre. Elle continua :
— Crois au Seigneur Jésus, non seulement tu seras sauvé du jugement mais en plus, on se retrouvera là-haut dans le Royaume de lumière ...