Laurel savait qu’elle était mourante. Pendant des semaines, nous avons fréquemment parlé du ciel, à quoi il ressemblait et ce que serait la vie là-haut. Il semblait que nous pleurions constamment et que nos entretiens se terminaient toujours par de douces étreintes d’espoir. S’imaginer quelque chose qu’on n’a jamais vu, quelque chose que l’on ne connaît que très peu représentait la partie la plus difficile. Puis, je me suis rappelé de cette histoire.
La jeune fille aux cheveux blonds et aux yeux d’un bleu profond était aveugle depuis sa naissance. Lorsqu’elle eût atteint douze ans, les médecins purent pratiquer un nouveau type de chirurgie qui, si elle réussissait, pouvait lui donner le merveilleux cadeau de la vue. Le résultat ne serait pas connu avant plusieurs jours. Après l’enlèvement des bandages, ses yeux devaient être protégés contre la lumière. Alors elle demeura assise dans le noir et attendit.
Pendant de longues heures, sa mère tenta de décrire en réponse aux questions de sa fille ce qu’elle verrait. Elles étaient toutes deux si excitées, anticipant un heureux dénouement que ni l’une ni l’autre ne dormirent beaucoup. À maintes reprises, même dans la nuit, elles imaginèrent une foule de belles choses, des couleurs, des formes, des choses merveilleuses.
Finalement, le moment vint où les yeux de la jeune fille purent supporter suffisamment de lumière pour qu’elle puisse regarder par la fenêtre. Elle demeura immobile et silencieuse pendant un long moment.
À l’extérieur, le printemps offrait une de ses plus belles journées ensoleillées et chaudes avec quelques flocons blancs dans le ciel tout bleu. Le vent qui berçait doucement le cerisier saupoudrait le sol d’une neige rose qui se détachait des fleurs dentelées. Des crocus jaunes garnissaient fièrement le trottoir de briques qui serpentait à travers le gazon.
Lorsque la jeune fille se tourna vers sa mère, des larmes ruisselaient sur ses joues. « Oh maman, pourquoi ne m’as-tu pas dit que ce serait si beau ? »
Alors que je partageais cette histoire avec mon amie, des larmes remplirent mes propres yeux. « Laurel, en ce moment, nous sommes assises dans le noir mais sous peu, tu poseras à Dieu la même question ».