À son retour de Crimée où il commandait les troupes françaises, Canrobert reçut le bâton de maréchal. Il se distingua plus tard à Saint-Privat-la-Montagne, près de Metz en 1870. Un soir de création d'une pièce de théâtre à la Comédie-Française, en voulant présenter ses hommages à la troupe, il s'étonna de l'impression de malaise qui régnait là.
—Qu'avez-vous donc, tous ? demanda-t-il.
—C'est une première, lui répondit l'actrice Madeleine Brohan, et nous avons peur, mes partenaires et moi. C'est ainsi à toute nouvelle création.
—Peur ? interrogea le maréchal. Qu'est-ce que c'est que cela ?
—Oh ! s’exclama l'actrice, veuillez excuser, Monsieur le Maréchal, ce mot est inconnu de vous.
Appelant un huissier, elle lui commanda :
—Picard, un dictionnaire pour Monsieur le Maréchal !
Avec finesse, elle laissait entendre ainsi qu'un homme de guerre devait ignorer tout sentiment de peur.
Il devrait en être ainsi pour tout véritable croyant. À l'exception de la crainte de déplaire au Seigneur, il devrait ignorer la peur.
Comme David qui affirmait :
L'Éternel est ma lumière et mon salut. De qui aurai-je crainte. L'Éternel est le soutien de ma vie. De qui aurai-je peur ? Psaume 27 : 1.
