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Description

Je préparais un exposé que je devais donner ce soir-là dans un collège de l'autre côté de la ville, quand le téléphone sonna.
Une femme qui m’était alors inconnue me dit qu'elle était mourante, et qu'elle laissait derrière elle sept enfants. Sa psychologue lui avait conseillé de ne rien dire à son fils de sa mort prochaine, pensant qu'il ne supporterait pas le choc. Cette femme n'était pas en paix avec ce conseil.
J'étais alors connu pour mon expérience auprès des enfants qui venaient de perdre un parent, et elle voulait savoir ce que j'en pensais.
Bien sûr il est difficile d'être trop « carré » en répondant à de telles questions et je lui répondis que c'était elle seule qui pouvait prendre une décision, selon ce que lui disait son cœur. J'en profitai pour l'inviter à la conférence ce soir-là puisque j'allais justement parler de ce sujet.
Le soir, je la reconnus tout de suite en voyant arriver dans la salle une femme très fragile, soutenue par deux personnes.
Dans mon prêche, j’exposai que les enfants discernent et ressentent eux-mêmes la vérité, sans qu'on ait besoin de la leur dire. Toutefois, les enfants sont également sensibles et ils attendent souvent des adultes qu’ils parlent les premiers de leurs soucis et leurs craintes.
J'ajoutai que les enfants savent gérer la vérité beaucoup mieux que ne le pensent les adultes, et que les choses cachées, qu'ils ressentent de toute façon, leur sont plus difficiles à accepter. Respecter les enfants implique aussi qu'ils soient partie prenante de la tristesse familiale et qu'ils n'en soient point exclus.
Cette femme avait donc entendu tout ce qui lui était nécessaire pour prendre sa décision. Elle vint ensuite me voir pour me remercier, les yeux remplis de larmes : « j'ai compris, me dit-elle, et je ferai cela dès ce soir. »

Le lendemain matin, elle me rappela. Elle m’expliqua en sanglotant qu’en rentrant de la réunion, elle avait réveillé son fils et avait commencé à lui dire doucement : « J'ai quelque chose à te dire. »
Immédiatement son fils l'avait arrêtée : « Oh, maman, c'est maintenant que tu m'annonces que tu es mourante ». Ils pleuraient tous les deux. Son fils sortit ensuite de son lit en disant : « J'ai préparé quelque chose pour toi » Il alla vers un tiroir d'où il sortit un plumier sale, caché dans une boîte au fond de laquelle il y avait une lettre. Il y avait déjà griffonné ces mots si simples : « Au revoir Maman, je t'aimerai toujours. »
Et le conseiller termine son histoire en disant :
« L'avait-il écrite depuis longtemps cette lettre ? Je ne le sais pas. Mais deux jours plus tard, la maman mourut. Dans son cercueil, on plaça un plumier sale et une lettre. »