[c'est mieux avec un casque]
Réalisation et Montage : Lille Clairence
Enfants du Désordre : Clito & Cyprine
Betalisteners : Léa, Vincent, Leïla, Antoine (merci à elleux)
Clito et Cyprine ont habité ensemble quelques mois. Elles ont découvert à cette occasion qu'elles avaient toutes les deux une mère institutrice de gauche très militante. Je les ai accompagnées pour coller des feuilles qui disaient "Mon monde ne tourne pas autour de ta bite", "Mon plaisir n'est pas un préliminaire" et "Si ma jouissance est optionnelle, la tienne aussi". Je leur ai demandé pourquoi.
extraits musicaux :
Fille de toto, par la Chorale Révolutionnaire Solidaire
Les nuits d'une demoiselle 2.0 par Jeanne Cherhal
"Je n'ai pas souvenir qu'on ait évoqué les violences sexuelles faites aux femmes dans le podcast, et leur impact sur nos orgasmes. Qu'on en ait subi ou pas, on vit dans une société qui nous dit qu'on doit faire attention, que c'est les potentielles victimes qui ont la responsabilité des agressions, qu'on ne devrait pas trop boire, ni sortir trop tard... en fait, on devrait avoir la situation sous contrôle, en permanence. Je ne trouve pas que ce soit un contexte vraiment favorable au fait de se lâcher sexuellement. Moi qui ait vécu divers abus, je sais que j'ai pu avoir cette peur de "me laisser abuser à nouveau", de me laisser faire (et faire faire) des choses que je n'aurais pas envie de faire, si j'étais trop en perte de contrôle. Vivre des violences sexuelles ou en subir la menace planante, c'est aussi apprendre une forme d'impuissance. Impuissance passée à lutter, à résister, à dire non assez fort, assez clairement, ou à dire non tout court. Se retrouver avec quelqu'un qui agit sur ton corps et ton corps qui est passif, être dans un état de paralysie, ou être dissociée. Un corps qui ne t'appartient plus, d'une certaine manière, et dont il peut-être difficile ensuite de trouver en quoi il est puissant. Impuissance que nous promettent les histoires qu'on entend si un jour on se retrouve dans ce genre de situation : impuissance physique, impuissance sociale. L'impuissance et la jouissance vont mal ensemble. Au cours de ma sexualité avec des mecs, j'ai appris à ne pas trop bouger ; ce n'est pas sensé être à moi, avec mon vagin, d'être la personne active dans cette histoire de pénétration. Pourtant, je vois bien que plus je me défais de cette passivité là, plus je suis en mesure d'obtenir du plaisir. Savoir prendre ce dont on a besoin, ce n'est pas inné. Notre impuissance non plus. La fiction nous offre beaucoup d'images de femmes qui jouissent "sans rien faire", en se laissant simplement aller, en s'abandonnant à un homme actif. C'est un mythe qui nous vole notre puissance. Cette puissance se regagne en exprimant ce qui nous plaît, en agissant directement pour aller vers ça sans attendre que ça arrive de l'extérieur. Elle se regagne en augmentant notre sentiment de légitimité, et en affirmant notre droit à exister, notre droit à faire du bruit, à laisser nos visages se déformer, à ne pas se préoccupper de l'état de nos corps, à ne plus avoir peur d'être jugées, à ne plus vouloir entendre ou craindre qu'on nous dise que c'est trop, ou que ça devrait se passer autrement. Je pense que c'est en devenant capable d'exister pleinement qu'on récupèrera nos puissances, et qu'on développera nos capacités à orgasmer." Cyprine