Dans cet épisode j’ai souhaité mettre en avant une initiative qui a vu le jour il y a quelques mois au Beaux Arts de Montpellier. Cette initiative elle s’appelle Trashpress et elle réunit des étudiants et des étudiantes qui ont souhaité contester l’existence de la biennale Art Press…
Pour celles et ceux qui n’auraient pas suivi, Art Press c’est sans doute la plus grosse revue spécialisée en art contemporain en France. Elle a été fondée au début des années 1970 par Catherine Millet qui est encore aujourd’hui sa rédactrice en chef. Énormément de colère se cristallise autour de la figure de cette femme et de la revue Artpress car depuis le début du mouvement MeToo, Catherine Millet a beaucoup pris la parole et s’est positionnée comme l’une des figures d’opposition aux luttes féministes et intersectionnelles en France. Pour vous donner quelques exemples : seulement quelques mois après le début du mouvement MeToo elle signe notamment la tribune sur le droit à être importunée au côté d’autres personnalités comme Catherine Deneuve. Et l’année dernière en 2021, au moment des révélations concernant Claude Lévèque qui est accusé de pédocriminalité, ArtPress diffuse une tribune signée par une poignée de personnalités du monde de l’art et de la culture qui apportent leur soutien à l’artiste. Cette tribune elle ne passe pas auprès d’un grand nombre de contributeur·ices de la revue qui se fendent quelques jours plus tard d’une contre tribune pour se désolidariser du média et apporter leur soutien aux personnes ayant été victimes de Claude Lévèque.
Aujourd’hui, Art Press c’est le symbole de ce monde de l’art réactionnaire qui soutient la division de l’homme et de l’artiste et lutte contre les mouvements féministes et décoloniaux. Alors quand le MOCO annonce qu’il accueillera la deuxième édition de la biennale « Après l’école » organisée par la revue, ça coince. Les Beaux Arts d’Annecy, de Grenoble, de Toulouse et de Lyon décident de boycotter l’évènement et de nombreux artistes refusent d’exposer leur travail dans le cadre de cet événement.
En réponse à cela, trois étudiantes du MOCO crée Trashpress. Une manière pour elles de soutenir les artistes refusant.es et de signifier qu’aujourd’hui, la voix des étudiantes et des artistes émergent.es compte et qu’iels sont agissantes. C’est pour parler de leur initiative et en soutien à celle-ci que j’ai décidé de les recevoir dans le quarantième épisode de PRÉSENT.E. Je suis donc ravie d’accueillir Meryam, en 4e année au Moco et Émeline et Anouk qui sont en 5eme année là bas.
Crédits :
Présent.e est un podcast produit, réalisé et diffusé par Camille Bardin. Cet entretien a été enregistré le 2 octobre 2022 entre Paris et Montpellier. Réalisation et mixage : Camille Bardin. Générique : David Walters.