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Unité 6: "Interview de Dora Cruz-Michele"

Le journaliste, Jean-Pierre Mèche: Bonsoir, cher·es auditeurs et auditrices ! Ce soir nous avons l’immense honneur de recevoir dans notre studio la dernière lauréate du prix Goncourt, l’écrivaine Dora Cruz-Michelet. Bonsoir Dora Cruz-Michelet !
Dora Cruz-Michelet : Bonsoir, Jean-Pierre. Vous pouvez m’appeler Dora, j’ai un nom tellement long !
JPM : Merci, Dora. Aujourd’hui nous allons en savoir un peu plus sur votre vie. Vous êtes née à Santiago du Chili, c’est ça ?
DCM : Plus précisément, à Chicureo, mais c’est à côté de Santiago. Je n’y suis pas restée longtemps, vous savez.
JPM : Oui, vos parents ont divorcé pendant votre petite enfance.
DCM : C’est ça. Ensuite ma mère a déménagé, nous avons quitté le Chili, elle s’est remariée quelques temps après. Nous sommes arrivés en France quand j’ai eu 4 ans.
JPM : Et votre père ?
DCM : Je ne l’ai plus vu pendant quelques années. Il est venu me rendre visite une fois pendant mon adolescence. Puis, il a pris ses distances.
JPM : À l’école, vous avez toujours été bonne élève, le français c’est finalement votre langue maternelle.
DCM : J’ai été bonne élève, oui, mais un peu rebelle. Le français, c’est ma langue, oui. Mais j’ai dû l’apprivoiser.
JPM : Vous avez commencé à écrire très tôt : c’était votre manière de l’apprivoiser ?
DCM : Oui, à 11 ans, j’ai écrit ma première nouvelle et ma première pièce de théâtre.
JPM : Pourquoi ce désir d’écrire ? Si tôt ?
DCM : J’ai toujours aimé les mots et les histoires. Dans les années 90, j’ai commencé à faire du théâtre. Puis, à 16 ans, en 1996, j’ai commencé à travailler dans un théâtre justement comme secrétaire, assistante, femme de ménage. J’en étais très fière.
JPM : Vous avez abandonné le lycée ?
DCM : Non, non, pendant mes années du lycée, j’ai travaillé dans ce théâtre quelques soirs par semaine et les weekends.
JPM : L’écriture, le théâtre, ce travail … Vous avez toujours été précoce, en fait.
DCM : Ah, vous dites ça parce que me suis mariée très jeune aussi ! J’avais 18 ans ! Quelle folie !
JPM : Vous regrettez ?
DCM : Cela s’est passé il y a si longtemps. Je sais maintenant que c’était une folie. Mais à l’époque… c’était toute une histoire.
JPM : Vous avez publié votre premier roman sur ce sujet justement. En 2000, ce roman a fait grande sensation.
DCM : Oui, je l’ai écrit l’année après mon mariage. Les lecteurs, et surtout les lectrices, ont pensé que j’avais tout inventé. Alors que c’était ma vie.
JPM : Aujourd’hui vous avez gagné le prix Goncourt avec une autre histoire d’amour mais où vous parlez aussi d’humanité, d’engagement. Vous militez dans une association, je crois.
DCM : Oui, dans plusieurs associations humanitaires et écologistes. Je suis très active. Disons que, depuis mes 18 ans, j’ai une conception moins égoïste de l’amour. Même si dans mon roman il y a une histoire d’amour entre deux femmes que tout oppose – je n’en dis pas plus pour laisser les lecteurs découvrir – cette histoire, avec un h minuscule, rejoint la grande Histoire, avec un H majuscule.
JPM : … et les grandes questions de notre temps.
DCM : Oui, je suis partie d’une idée simple je crois, mais j’ai essayé de lui donner un écho plus social.
JPM : N’en dites pas plus ! Nous invitons tous nos auditeurs et auditrices à découvrir votre dernier roman. Ça s’appelle « L’histoire de Jade », et son autrice était avec nous : Dora Cruz-Michelet, merci de votre visite.
DCM : Merci à vous. À très bientôt.