« On ne consomme pas un conte, on le vit, on le mange.
Le conte sénégalais commence par « on racontait ». À cela le public répond : « racontez-tout ! ». Il n'y a pas de censure.
Puis, le conteur dit « il était une fois » et le public répond « cela arrivait souvent ».
Le conteur demande « en étiez-vous témoin ? » et le public répond « c'est toi qui raconte ».
Quand le conte est terminé, le conteur dit : « c'est ici que le conte se jette dans la mer. Le premier qui en respire l'air ira au paradis ».
Mais imaginez : quel est le mouvement des vagues ? Si le conte va se jeter à la mer, c'est que le conte n'est n'est pas perdu, c'est que la prochaine vague, par le phénomène du ressac, va ramener le conte. Dès que l'on termine un conte, on le remet à la mer et le premier qui le retrouvera sur la plage le portera et le dira à sa manière. »
A Dakar, Monobloc a déjeuné avec le grand conteur, griot, professeur et écrivain Massamba Gueye.