Cette semaine, nous allons parler du film "En attendant la nuit" de Céline Rouzet, premier long-métrage de la réalisatrice qui avait jusque-là réalisé un documentaire sur les Papous. Changement de cap donc, avec ce film de genre qui propose au casting Élodie Bouchez, la très en vue Céleste Brunnquell, remarquée depuis 2021 et la série "En thérapie", et Mathias Legout Hammond dans le rôle-titre de Philémon.
C'est un film de vampire d’un type assez nouveau, ancré dans le quotidien d’une famille qui doit s’adapter à la condition de Philémon et vivre en marge. Philémon a besoin de sang humain pour survivre. Dès sa naissance, il mord le sein de sa mère... Sa mère lui fait des transfusions quotidiennes, seul moyen pour l’enfant de survivre. En grandissant, Philémon a besoin de plus de sang et sa mère (Élodie Bouchez), qui travaille dans des centres de don du sang, doit voler des poches de sang pour l'alimenter et éviter qu'il ne trépasse. Le film commence par un emménagement dans une nouvelle bourgade pavillonnaire, cernée par les forêts (la Haute-Saône) : nouvel environnement, nouvelle vie et nouvelles rencontres ; autant de points de tension.
Par rapport au mythe du vampire, on sait d’emblée qu’on a une adaptation pour le film : c’est uniquement la lumière directe du soleil que doit éviter Philémon, qui porte régulièrement une veste et une casquette pour s'abriter, même en plein été. Le travail sur la lumière et l’image est assez remarquable. Pour le chef opérateur Maxence Lemonnier, c’est aussi un premier long métrage. Le défi du film de vampire tourné essentiellement dans l’obscurité est relevé par des jeux de demi-jours, de tentures, de tissus tendus sur les fenêtres qui apportent une touche colorée.
Il y a une grande hype du film de genre depuis quelques années. Loups-garous avec "Teddy", requins récemment avec le nanar de Netflix, invasion de criquets dans "La Nuée", film gore de série B avec "Coupez !" de Michel Hazanavicius, film fantastique avec "Le Règne animal" : le film de genre envahit les salles obscures et amène un vent de renouveau sur le cinéma français.
Le film de Céline Rouzet maintient les tensions érotiques caractéristiques du genre, qu’il s’agisse de "Nosferatu" de Murnau, de "Dracula" de Coppola, ou encore de "Only Lovers Left Alive" de Jarmusch, qui semble avoir particulièrement marqué "En attendant la nuit", notamment d’un point de vue sonore. Ici, on est à l’heure des premiers amours et c’est la rencontre de Philémon avec Camila (Céleste Brunnquell) qui va être un des détonateurs de tension, l’autre étant l’approvisionnement en sang de la mère infirmière.
"En attendant la nuit" est souvent comparé à "Le Règne animal" en raison de nombreux thèmes communs : le déménagement, le fait de cacher sa singularité, le fantastique qui s’immisce dans les relations familiales et sentimentales, la manière d’intégrer cette thématique à un univers plausible et réaliste. Le traitement du film est en marge de ce que l’on a l’habitude de voir dans le cinéma français ou franco-belge. Les bandes annonces de "Le Règne animal" en plein tournage de "En attendant la nuit" ont...