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Description

Les liens entre les arts et la politique sont au cœur de cet épisode dédié à Cuba ! Cet État insulaire des Caraïbes où « effervescence culturelle » rime avec « crise structurelle », où la profusion créatrice défie la répression politique, où le chemin de l’exil complexifie encore plus le regard porté sur l’île… La situation actuelle contraste nettement avec le pouvoir de fascination qu’exerce encore Cuba dans nos imaginaires, et plus encore avec les idéaux de la révolution cubaine. 
Pour mieux comprendre les politiques culturelles menées à Cuba entre 1959 et la fin du XXe siècle, Coline Perron, doctorante en histoire contemporaine à l’Université de Strasbourg, revient sur cette génération d’artistes formée à partir de la révolution, lorsque l’accès à la culture et à l’éducation est devenu une priorité absolue. Elle analyse aussi les tensions qui ont progressivement émergé entre les artistes et le régime, du fait de la volonté du gouvernement de prendre le contrôle sur la scène artistique.
Cette problématique se conjugue au présent dans la chronique que Manon Méziat et Paloma Petrich consacrent à la naissance du Mouvement San Isidro (MSI), un collectif d’artistes, de journalistes, et d’universitaires cubain·e·s tous et toutes unies autour d’un mot d’ordre : la liberté d’expression. Le groupe tire son nom du quartier de La Havane où s'est formé en septembre 2018, en réaction au décret 349. Cette mesure impose que toute expression artistique soit préalablement approuvée par les institutions officielles. 
Ce mois-ci, l’invitée de Semillas Latinas n'est autre que Janette Habel, politologue aguerrie et chercheuse associée à l’Institut de Hautes Études de l’Amérique Latine (IHEAL). Elle revient sur les causes de la crise multifactorielle que traverse l’île, liée à l’embargo états-unien, à la pandémie de covid-19 mais aussi à des erreurs politiques aux lourdes conséquences, de la part du régime castriste. 
Cet épisode se poursuit avec une riche palette de chroniques culturelles. Pauline Rossano analyse le cinéma cubain des années 1960, profondément traversé par les idéaux révolutionnaires. L’œuvre de Sara Gómez, première femme à cubaine à réaliser un long-métrage, et illustration de ce cinéma engagé, est ici mise à l’honneur. Critique du processus révolutionnaire, elle en interroge les angles morts : le patriarcat, le racisme et l'héritage colonial. 
Enfin, un double hommage à la musique cubaine est rendu par Mickaël Adarve, qui revient aux sources de la musique afro-cubaine, et par Astrée Toupiol, qui nous parle de ce que c’est qu'être musicien·ne à Cuba en pleine crise. Avec des machines rafistolées, des soirées sans électricité, la fête continue – intense, débrouillarde et profondément vivante ! 
Et bien sûr, profitez tout au long de l’émission de morceaux de musique cubaine, avec le titre « Patria y Vida », interprété par six artistes afro-cubains et devenu un incontournable chant de révolte contre le régime castriste, puis « Último Adiós » de La Lupe, chanteuse de salsa, bolero et boogaloo.
Excellente écoute !

Présentation : Anael Michel et Pauline Rossano // Interview : Sylvie Argibay // Chroniqueuses : Coline Perron, Manon Méziat, Paloma Petrich, Pauline Rossano, Mickael Adarve et Astrée Toupiol // Réalisation : Mickaël Adarve.