Nous célébrons cette année le bicentenaire du diocèse de Blois ! Je sais qu’en m’entendant dire cela, beaucoup d’entre vous se récrieront : « Mais le diocèse de Blois a été créé en 1697, et on a fêté ses 300 ans en 1997 ! » C’est exact, mais en réalité le diocèse de Blois a été créé à deux reprises, en 1697 et en 1823.
Tout cela est lié à l’héritage révolutionnaire. Les Constituants de 1789 avaient d’abord voulu faire coïncider, peu ou prou, les limites des diocèses avec celles des départements qui remplaçaient les anciennes provinces. Ils décidèrent aussi, sans même consulter le Pape de l’époque, que les évêques seraient élus par la population de leur diocèse. C’est ainsi qu’un prêtre lorrain, l’abbé Henri Grégoire, se fit élire évêque « du Loir-et-Cher », comme on disait à l’époque. Or Blois possédait déjà un évêque, Mgr Alexandre de Thémines, installé en 1776 et que Grégoire fit chasser de son poste en 1791.
Passons sur la tourmente révolutionnaire, au cours de laquelle le clergé constitutionnel (et en principe légal) fut aussi persécuté que le clergé réfractaire (qui avait refusé son nouveau statut et le serment qu’il imposait). Lorsque le général Bonaparte accède au pouvoir avec le coup d’État du 18 Brumaire (9 novembre 1799), il se préoccupe de rétablir la paix de l’Église, non par conviction personnelle mais par calcul politique, et il signe en 1801 un concordat avec le Pape. Au passage, afin de s’assurer un meilleur contrôle de l’Église de France où les évêques ont désormais un statut de fonctionnaires dévoués au pouvoir en place, il supprime ou regroupe un nombre important de diocèses. C’est ainsi que le diocèse de Blois disparaît, et se retrouve rattaché à celui d’Orléans.
Cette situation durera jusqu’en 1823. À cette date le roi Louis XVIII décidera, en accord avec le Pape, de rétablir le diocèse de Blois. Le premier évêque nommé à sa tête sera un prêtre déjà âgé, Philippe de Sausin qui, effrayé du manque de prêtres qui affectait déjà notre diocèse, s’emploiera à développer le grand séminaire et ordonnera jusqu’à 16 nouveaux prêtres par an. Depuis cette date, en dépit des soubresauts de l’histoire comme la loi de séparation en 1905 ou les deux guerres mondiales, le diocèse de Blois a continué à exister.
Le dimanche 25 juin, après l’office de vêpres à 15 heures 30, deux effigies seront inaugurées dans la cathédrale Saint-Louis : l’une représente Mgr de Thémines, l’autre l’abbé Grégoire. La mémoire de Mgr de Sausin sera aussi évoquée. Il est important, au-delà des fractures qui ont marqué notre histoire nationale, de retisser notre mémoire pour nous souvenir en premier lieu non pas des péchés et de la versatilité des hommes, mais de la fidélité de Dieu.
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