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Ils étaient en grève, mardi et mercredi, pour protester contre la réforme de la SNCF, une grève qui reprend dimanche. Les cheminots défendent le service public ferroviaire, ils défendent aussi leur statut, un statut particulier et souvent décrié. Alors est-il vrai que les salariés de la SNCF, sont des « privilégiés » ?

Le statut des cheminots, c'est un acquis historique, qui a plus de cent ans. C'est d'ailleurs ce qui fait dire à certains qu'il est obsolète : de fait, on ne met plus de charbon dans des locomotives, le travail des cheminots est moins physique, moins risqué qu'avant. Mais les conditions de travail restent particulières : les conducteurs ont des horaires décalés, souvent de nuit, ils n'ont que 12 week-ends libres garantis par an, ça fait un par mois seulement avec la famille. Alors ils ne sont pas les seuls, mais en théorie tous les salariés qui connaissent ce genre de contraintes ont des contreparties : en salaire ou en temps de repos, par exemple. C'est le cas des militaires, qui partent à la retraite très tôt, c'est aussi le cas de nos présentateurs, à RFI : ceux qui travaillent de nuit ont plus de jours de repos que les autres. Le statut des cheminots, c'est la même logique.

Mais alors ces avantages, ces compensations, concrètement c'est quoi ?

D'abord, la sécurité de l'emploi : il est garanti à vie. A moins d'une faute grave, on ne sort de la SNCF que parce que l'on part à la retraite ou que l'on choisit de démissionner. Autre avantage : le salaire, avec des augmentations tous les trois ans. Cela dit, les chiffres de la SNCF montrent une grande différence entre les cadres, qui finissent avec de hauts salaires, et les autres : 60% des cheminots gagnent moins que la moyenne nationale, moins de 2250 euros nets mensuels. Quand Fabien Dumas, de la CFDT, parle de 1290 euros net pour un aiguilleur, il prend un exemple réel, mais qui dramatise un peu la situation générale. Un peu seulement.

Le régime spécial qui fait surtout polémique, c'est le régime de retraite

Il a déjà été réformé. Auparavant, les salariés de la SNCF pouvaient partir à 55 ans, 50 ans même pour les conducteurs de train. Mais depuis dix ans, la durée de cotisation a été relevée progressivement : aujourd'hui, pour toucher une retraite à taux plein, les agents de la SNCF doivent avoir cotisé 43 ans. Comme tous les salariés du régime général. Là où la retraite des cheminots reste plus avantageuse, c'est que son montant est calculé à partir du salaire des six derniers mois, les meilleurs de la carrière. Alors qu'au régime général, on prend les 25 meilleures années.

Dernier pilier de ce statut des cheminots : les temps de repos.

28 jours de congés annuel pour tous les salariés, c'est trois jours de plus que le minimum légal. Mais surtout des RTT, des jours de repos supplémentaires, créés lorsque la durée légale du temps de travail est passée à 35 heures par semaine. Dans tous les secteurs, ceux qui font plus de 35 heures, en raison de la nature de leur travail, ont droit à des jours en plus. Les administratifs de la SNCF en ont dix par an, les conducteurs de train 22, jusqu'à 28 jours pour ceux qui travaillent de nuit. C'est plus que ce qui se pratique ailleurs, même si les situations sont très diverses. Derniers avantages, et vous saurez tout : des logements à prix réduit, mais tous les cheminots n'en bénéficient pas, des billets de train gratuits, ou encore l'accès à des centres médicaux gratuits.

Ce statut, dans le projet du gouvernement, les cheminots actuels le conservent ; ce sont les nouveaux embauchés qui n'en bénéficieront plus, ce qui mènera à terme à sa suppression. Sur ce point c'est donc pour leurs successeurs, et non pour eux-mêmes, que les cheminots protestent.