Poème de Dominique OTTAVI dit par Henri Etienne DAYSSOL De tous nos rêves nous ferons toujours notre ciel. Mon silence liquide ses derniers otages: des corps démembrés dans la clairière. Je veux retrouver l'odeur de tes caresses et la jument de mes rêves iconoclastes, ma vie, ma nuit et puis cette lumière, ce soleil immense qui ne dépend que de moi. Vous avez dit liberté ? J'ai dit identité, noble et souveraine. Mes états d'âme, tels des dirigeables, je peux les mener à ma guise; un petit garçon sans complexe ne respecte ni les feux ni les passages piétons. Il se souvient de la ferme où il a grandi avec les coqs, les oies, les touterelles, les hirondelles, les oisillons. Nous sommes dans la lune et nous y sommes bien, à notre aise. Le sparadrap n'adhère plus, la blessure est à vif et la cicatrisation se fait attendre. Pas de honte, pas de colère, d'excuse ni de regrets, ni de remords. Je me souviens encore du vent sur la frontière. Du coq dans la bruyère. Du serment étouffé dans l'oeuf avant même d'être énoncé. Nous sommes les janissaires des glaciers de la contrebande. Contrefaçons, contre-culture, tout ça c'est du passé. La nuit ne bouge plus. Les oreillers sont en panne. Le vent frissonne. Le plat du jour est brisé comme le vase de Clovis, le bouclier de Brennus... Je ne sais pas ce qui peut bien rester des colères qu'on contient jusqu'à la douleur. Un jour les couleuvres ne seront plus avalées et les jours suivants seront consacrés à la rédemption des traîtres et des pleutres. Tu vas comme tu peux. Tu souffres et tu ris. Tu sais ce qu'il te reste au carrefour des malchances. Un jour, un jour, l'orange déposera sa larme au bon endroit dans l'oeil droit du crocodile de ton âme ...à moins que les éléphants... - Dominique OTTAVI -