Poème de Rainer Maria RILKE dit par Henri Etienne DAYSSOL
Ô nostalgie des lieux qui n'étaient point / assez aimés à l'heure passagère, / que je voudrais leur rendre de loin / le geste oublié, l'action supplémentaire ! // Revenir sur mes pas, refaire doucement / et cette fois seul, tel voyage, / rester à la fontaine davantage, / toucher cet arbre, caresser ce banc... // Monter à la chapelle solitaire / que tout le monde dit sans intérêt ; / pousser la grille de ce cimetière, / se taire avec lui qui tant se tait. // Car n'est-ce pas le temps où il importe / de prendre un contact subtil et pieux ? / Tel était fort, c'est que la terre est forte ; / et tel se plaint : c'est qu'on la connait peu.
- Rainer Maria RILKE -