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Description

Si on a beaucoup parlé de l’enfance très compliquée de Michael Jackson qui a fait de lui une superstar rongée de problèmes psychologiques, on évoque moins celle de Michel Polnareff avec qui il partage pourtant la tyrannie de la réussite. Michel a souffert d’un père hyperautoritaire, brutal et incapable d’exprimer la moindre affection pour son fils qui pourtant ne lui apporte que des satisfactions. Car à l’écoute des camions de chefs d’œuvre composés, écrits et orchestrés, on se rend compte que le talent et le génie ont parfois un prix très élevé. Si Léo Polnareff n’a jamais avoué la fierté que lui inspirait son fils, il lui a laissé après sa mort les dossiers où il avait patiemment collecté tous les articles parus sur lui. Imaginez le choc pour celui qui a sûrement recherché sa reconnaissance de son vivant. Car ce père d’origine russe qui a battu son fils durant toute son enfance et adolescence, cet homme du XIX° siècle qui a fui la Russie des Soviets ne lui passe rien : il le fait étudier à coups de baffe et de ceinturon. Michel est un premier de classe irréprochable et il y a tout intérêt. Ainsi sa mère tombe-t-elle dans les pommes le jour où elle découvre dans le bulletin de son fils qu’il a terminé un trimestre deuxième, et non pas premier, rien qu’à l’idée de la correction qu’il va recevoir de son paternel quand il rentrera à la maison.

Dans le même ordre d’idée, à 18 ans, Michel apprendra par cœur le tableau de l’ophtalmo pour éviter d’être réformé de l’armée pour cause de mauvaise vue car même ça, son père ne le tolèrerait pas. Mais c’est à l’armée que le timide garçon apprend à dire « non ! ». A présent adulte, il en a assez des brimades. Avant c’était à l’école, maintenant ce sont les gradés. Ca suffit ! A l’époque, le service militaire dure deux ans, ça ne va pas être possible. Michel se rebelle, fait un mois de prison et se fait réformer. Comme on s’en doute, il prend une dérouillée de retour au bercail, la coupe est pleine, au revoir et pas de merci, Michel claque la porte pour aller vivre sa vie, sans un sou, sans destination. Nous sommes en 1965. Ras-le-bol des petits boulots et de la vie de bureau, Michel va vivre durant des mois dans la rue et le métro. Mais assis sur les marches de la butte Montmartre, il trouve la compagnie enthousiasmante d’autres jeunes et surtout de sa guitare. La bohème, la liberté, la tribu des jeunes de SA génération qui aime les mêmes choses que lui. Quand on pense qu’il avait pris une raclée car il avait osé dire à la maison qu’il trouvait des qualités à Johnny Hallyday ! Un autre monde s’ouvre à lui, celui de toutes les envies, de toutes les folies et tant pis s’il n’est que le roi des fourmis.