Franchement, combien sommes-nous à avoir tourné les singles et les deux albums de Phil Collins au début des années 80 ? Des disques étonnants, bien loin de la musique de Genesis, c’est vrai, il y avait des tubes qui ont plu à tous les publics. Mais quand même, les albums avaient aussi leur quota de chansons plus ambitieuses, avec de solides trouvailles sonores. Déjà leur titre : Face Value et Hello I must be going, une référence à Groucho Marx, fallait oser !
Alors pourquoi change-t-il de braquet avec celui-ci, qui paraît fin janvier 1985, No jacket Required ? Parce que justement, je suis tout sauf guindé, répond Collins.
Bien sûr, le titre ne lui est pas tombé tout chaud, c’est le cas de le dire, car ce soir où Phil est en vacances dans les Caraïbes, il se présente dans un restaurant avec sa femme mais le maître d’hôtel l’arrête en lui demandant d’enfiler une veste.
Mais je n’ai pas de veste, mon ami, nous sommes dans un pays chaud et je suis en vacances !
Un client dans la file devant lui, se retourne alors pour lui faire comprendre que la veste est obligatoire : Jacket Required ! Phil Collins se fait donc refuser l’entrée. C’est pas tous les jours. Enfin, pas tous les jours, … Ce soir de la tournée où Phil accompagne Robert Plant l’ex-chanteur de Led Zeppelin dont il vient de produire les deux albums, les deux copains descendus à l’hôtel Ambassador de Chicago descendent, justement, boire un verre au bar de l’hôtel. Là pour le coup, il fait froid, Phil porte un magnifique blouson de cuir, Robert une veste à carreaux WillyWear, genre amerloque, aux couleurs bien criardes. Mais voilà que le barman fait remarquer à Monsieur Collins qu’il doit passer une veste pour pouvoir se faire servir.
Mais je porte une veste, mon gars !
Euh non, une vraie veste, Monsieur, pas en cuir.
Allons bon, Robert est habillé comme un clown de chez Barnum et on ne lui dit rien. Moi je porte un truc de créateur, digne de la fashion week, et je fais tache. Ce n'est pas possible, ce Jacket required va tourner à la malédiction !
Évidemment, le succès prodigieux de ce disque conduisant Collins sur les plateaux des plus grands talks shows, il raconte ses anecdotes de jaquette, ce qui, bien sûr, ne manque d’être vu par les grands patrons des établissements cités. Ainsi Phil Collins reçoit-il chez lui, à Londres, une lettre à entête de l’Ambassador East qui lui demande, je cite, de cesser de parler de leur stupide code vestimentaire. Nous invitons à venir chez nous, quand vous voulez, vêtu comme vous voulez et autant que vous voulez, mais de grâce, cessez de parler de nous. Et à ce pli est joint un colis contenant une veste maculée d’éclaboussures de toutes les couleurs. Voilà des gens qui ne se prennent pas au sérieux, une autre époque, les années 80 avec ce code No Jacket Required.