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Description

En 1998, nous sommes en plein essor du mouvement électro et des stars féminines rock, version post grunge, il n’y a plus beaucoup de place pour les anciennes stars de la soul des années 80. Regardez Michael Jackson qui malgré des compilations et remixes a beaucoup de mal à s’adapter au son de la musique r’n’b qui s’est durcie considérablement. Et puis, il y a le triomphe des rappers qui, contre toute attente, sont devenus les poids lourds de l’industrie mondiale du disque. Enfin, dans le créneau des chanteuses à voix, une certaine Céline Dion a pris le flambeau tenu fièrement par une Whitney Houston qui, occupée par le cinéma, n’a pas vu le coup venir. Il faut dire que l’esprit de Whitney est très occupé par un quotidien tumultueux, son mariage avec le sulfureux Bobby Brown qui est loin d’être celui du siècle, comme on l’avait pensé au début.

Alors oui, ce nouvel album après des années non pas de silence mais de distance du métier, album promo tournée, se solde par une vente qui dépasse les dix millions de CD, certes c’est énorme, mais se situe très loin des 30 et 40 millions des précédents. Une certaine presse qui parle plus des chiffres, pardon qui ne parle que des chiffres mais pas du contenu, monte le résultat en épingle, ce qui n’arrange rien aux questions et au doute. Car le R’N’B a bien changé et une nouvelle vague de chanteuses comme En Vogue ou TLC s’est appropriée le genre. Que pense la nouvelle génération de ses Heartbreak Hotel et bien sûr de son duo avec Mariah Carey pour la BO du Prince d’Egypte qui lui vaut quand même l’Oscar de la meilleure chanson originale ? La réponse est à chercher au début du siècle suivant avec les prochains albums qui ne reçoivent qu’un succès d’estime. Avec cette question que se posent tous ceux qui ont atteint les sommets, qui ont été portés par un public si nombreux qu’ils ne voyaient pas comment cette histoire d’amour pourrait être sans lendemain : où sont-ils tous passés ? Pourquoi n’ont-ils plus les 20 euros pour acheter mon nouvel album ? Whitney Houston squatte désormais la Une des journaux dans la rubrique faits divers de stars : disputes avec Bobby Brown, états d’ébriété, et puis finalement divorce.

Une compilation intitulée Ultimate et un nouvel album fin des années 2000 redore un temps son blason avec un N°1 inespéré mais il est plus fugace que les précédents, ceux d’une grande époque qui a filé incroyablement vite. Mais l’heure des années 80 s’impose de plus en plus avec la disparition progressive des CD, est-ce un hasard. Les images de clips circulent désormais sur internet et le public de tout âge prend la mesure de ce qui a été perdu en chemin sur l’autel de la technologie et de l’argent. Et si Whitney pouvait chasser ses démons et reprendre en main son art ? C’est en tout cas son intention. Malheureusement, comme pour Amy Winehouse, les démons ont été les plus forts. Alors conjurons-les, grâce à sa voix et au piano du génial compositeur et producteur David Foster, je n’ai rien si je ne t’ai pas, toi.