On a peu d’images des shows de Claude François, ce qui est bien dommage entre parenthèses car il est de loin, la plus grande bête de scène que le métier français ait connu. Mais, vous le savez sans doute, la tension était les jours de concert aussi élevée que le niveau d’énergie dépensé, alors cette image de Claude François sermonnant rudement son éclairagiste n’est pas passée inaperçue depuis cette année 1977 où elle a été captée par une équipe de télé. Et bien, figurez-vous que cet éclairagiste qu’on ne voit pas à l’image, se nomme Philippe Timsit. Et que, quelques mois plus tard, ce jour fatal du 11 mars 1978, il se retrouve sans boulot car il tournait énormément avec Cloclo. Alors, puisque dans le domaine de la variété, on a déjà tout vu en France, comme un laveur de voitures qui devient vedette de la chanson, alors pourquoi pas lui ? Philippe en parle à Paul Lederman, l’agent de Claude François qui lui dit, OK ! C’est vrai, il écrit de chouettes chansons, Timsit, voyons ce que ça va donner.
C’est ainsi que paraît en 1979 le premier 45 Tours de Philippe Timsit qui n’a aucun succès, tout comme le suivant. Il faut dire que les textes sont un peu légers, c’est du déjà entendu. Mais le chanteur a un style et une voix différente. Il vend bien son texte. Faut juste qu’il ponde celui qui va vraiment émouvoir. Et puis il a un son, aussi. Grand bien lui prend, à son producteur, de persévérer car en 1981, c’est la bonne pioche avec cette chanson mélancolique qui parle d’un temps révolu, celui des yéyés au Golfe Drouot où beaucoup de stars sont nées mais où d’autres musiciens n’ont pas réussi à trouver la lumière, ou la garder sur eux. Et c’est le cas d’Henri, qui habitait Porte des Lilas et qui se rappelle au bon souvenir de quelqu’un, à vous de l’imaginer, de cette époque lointaine où il a été sous les feux de la rampe et dont les souvenirs se sont figés. C’est la même inspiration musicale, la même façon de chanter mais cette fois, le disque interpelle, accroche dès la première écoute et paradoxalement, cette histoire de loser vaut un immense succès à Philippe Timsit.
Un succès sans lendemain, les disques suivants ne fonctionnent pas, alors, comme il connaît très bien ce métier de l’intérieur, Philippe retourne à son métier de régisseur pour les plus grands, de Michel Sardou à Claude Nougaro en passant par Michel Fugain. Combien de fois s’est-il repassé cette histoire dans sa tête à l’ombre de ceux à qui il donnait la lumière ? On ne le saura jamais, mais il nous a laissé un sacré testament avec cette histoire que combien d’artistes ont vécu avant de disparaître du showbiz.