Vous le savez, demain, c’est le carnaval de Binche qui commence, le seul carnaval de Gille reconnu par l’Unesco parce que c’est à Binche qu’il est né. C’est d’ailleurs du Moyen-Âge que vient le fameux air de tambour de Binche.
Mais à quand remonte le Gille de Binche ? On l’ignore. La seule trace écrite qu’on ait c’est un texte datant de 1795 dans lequel les Gilles binchois râlent car les révolutionnaires français qui viennent de conquérir la Belgique veulent interdire le port du masque. Donc on sait que le Gille est déjà bien ancré. Et justement, il y a une belle histoire qui circule à Binche sur son origine. Je vous raconte ...
Vous savez que l’homme le plus puissant au Monde lors de la Renaissance se nomme Charles Quint et que c’est un Belge, un Bourguignon, né à Gand mais devenu Roi d’Espagne et Empereur de la moitié de l’Europe. Il gouverne depuis Madrid et a confié à sa sœur Marie de Hongrie, les Pays-Bas. Marie de Hongrie qui siège à Bruxelles mais Charles Quint lui a offert le domaine de Binche car elle adore cette ville où elle fait ériger un immense et somptueux palais. Imaginez un château de la Loire en U, la salle de réception et de bal fait 30 mètres de long sur 15 en hauteur, c’est une merveille.
Et lorsque Charles Quint vient lui rendre visite à Bruxelles pour présenter son fils, le futur Philippe II, à tous les nobles des Pays-Bas, une fête énorme est organisée à Bruxelles. Elle est toujours perpétuée par l’Ommegang. Imaginez le défilé, les seigneurs, les tables chargées de victuailles et là, on annonce un chevalier qui demande l’empereur et lui remet une lettre.
Qu’est-ce que c’est ? Charles Quint brise le cachet et lit l’appel de la population de Binche car le magicien Norabroc leur a jeté un sort. Votre majesté et son fils, êtes les seuls à pouvoir nous sauver.
C’est en fait une petite blague, poétique hein, une invitation de sa sœur à venir voir son fameux Palais qui vient tout juste d’être terminé. Et donc, au cours de l’été 1549, Charles Quint et Philippe II font leur entrée dans Binche avec dans leur suite des Incas venus d’Amérique, coiffés de leur chapeau à plumes dont on s’est inspiré pour créer le Gille pour commémorer le souvenir de sa visite.